Portrait de Georges KotrotsIios
Georges Kotrotsios est né et a grandi à Thessalonique dans le nord de la Grèce. Il effectue tout d’abord des études d’ingénieur en électricité à l’université Aristote. Poussé par une volonté de découvrir d’autres cultures, il se rend à Grenoble pour un deuxième Master en instrumentation de mesure et électronique. C’est là qu’il entend parler pour la première fois du CSEM qui vient alors d’être crée, en 1984. En mars de l’année suivante, ce passionné de technologie s’installe à Neuchâtel et réalise son stage de Master au CSEM. Il enchaîne avec un doctorat sur les fibres optiques pour les applications de télécommunication et capteurs qu’il termine en 1989. Il quitte le CSEM en 1995 quelques années pour revenir au bercail en 2000 et, 5 ans plus tard, prendre la fonction de VP Marketing et Business Development.
Entre temps, afin d’élargir ses horizons et avoir une vision plus « business » de l’ingénierie, il décroche un MBA en gestion technologique. Dans le cadre de ses fonctions actuelles, il contribue notamment à améliorer la liaison entre recherche et industrie et se perçoit comme un accélérateur de la valorisation de la connaissance. Il investit également de l’énergie pour renforcer les collaborations avec les partenaires locaux du CSEM tels que la HE-Arc, l’antenne neuchâteloise de l’EPFL, ou encore l’UniNE. Très actif dans les milieux internationaux de la recherche, il a participé à la création de l’alliance HTA qui réunit le CSEM et trois autres centres de recherche prestigieux, dont le Fraunhofer. Cette Alliance, dont il a assumé deux fois la présidence tournante, joue aujourd’hui un rôle important dans la coordination de la recherche technologique en Europe. Depuis 2009, il siège également au conseil exécutif de l’Association Européenne des Centres de Recherche et de Technologie, EARTO, qui interagit avec la Commission Européenne.
Comment le label Microcity vous aide-t-il à promouvoir les activités du CSEM ?
Ce label permet de faire rayonner Neuchâtel comme le centre du monde des microtechnologies, des systèmes intelligents et du micro-usinage. Ces compétences sont particulièrement importantes aujourd’hui avec la montée du digital. En effet, il y a le besoin de traduire le monde réel, ou autrement dit le monde analogique, en monde digital. Cette traduction passe par des objets de plus en plus petits, complexes et multifonctionnels. Et tout cela, nous pouvons le faire dans la région de Neuchâtel qui porte cela dans son ADN, avec l’ensemble des acteurs de Microcity.
L’autre avantage du label Microcity est qu’il permet de communiquer avec les industriels sur l’existence d’un continuum de fonctions entre divers acteurs de l’innovation. Cela va de la recherche académique - du ressort des universités - à la recherche technologique ainsi que son transfert efficace et efficient à l’industrie, mission principale du CSEM. Tout le monde tire à la même corde. Et même si certaines redondances semblent exister entre les acteurs, les approches restent toujours complémentaires : académique à l’EPFL, « ingénierie » à la HE-Arc et technologique chez nous, avec l’infrastructure lourde que cela implique.
Avec quels autres membres de Microcity avez-vous déjà réalisé des projets concrets depuis 2014 ?
Nous collaborons principalement avec l’EPFL, l’UniNE et la HE-Arc. Par exemple, avec l’EPFL, des chercheurs travaillent ensemble sur l’automatisation d’une méthode de fabrication d’un produit de cultures cellulaires. Avec la HE-Arc, nous avons créé un centre de caractérisation, pour offrir à l’industrie des moyens de caractérisation mécanique et structurelle complémentaires de dispositifs miniaturisés, par exemple en silicium ou, bien sûr, d’autres matériaux.
Il faut également savoir que nous réalisons entre 40% - 50% de nos projets avec des PME / start-up, dont de nombreuses sont localisées dans le canton de Neuchâtel. En collaborant avec nous, celles-ci profitent de l’expertise de chercheurs chevronnés avec qui elles peuvent tisser une relation sur le long terme. Elles ont également accès pour leurs recherches à une infrastructure lourde, telle que nos salles blanches, qu’elles ne pourraient pas se payer. Dans l’horlogerie, le médical ou la machine-outil, de nombreux exemples montrent que lorsque le CSEM collabore avec une PME, chaque franc investi a un impact très fort sur sa compétitivité.
À votre avis, quels sont les principaux défis que devra relever le canton de Neuchâtel en terme d’innovation ?
En 2018, la digitalisation de notre environnement est au cœur de toutes les préoccupations. La région a une belle carte à jouer dans ce processus. La composante « objet » de l’Internet des Objets (IoT) demande des compétences pointues que nous maitrisons déjà ici et que nous devons continuer à développer.
En effet, ces objets connectés doivent être personnalisés selon l’environnement dans lequel ils sont placés. Ils auront besoin de capteurs, de processeurs, de systèmes de communication ou de sources d’énergie. Mais, surtout, ils devront être personnalisés, en fonction de leur application.
Tous ces éléments peuvent être développés ici et, du coup, s’insérer dans la future chaine de valeur internationale de l’IoT. Cela correspond exactement à notre profil technologique: précis, miniaturisé, souvent complexe, à très basse consommation et à haute valeur ajoutée. Pour tirer profit du virage digital, les acteurs du canton de Neuchâtel doivent donc absolument se positionner en leader dans l’intégration de ces systèmes intelligents « taillés sur mesure », ainsi que leur implémentation dans les chaines des valeurs digitales.
Vlad Magdalin